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Dabai xiexie ni

En mars 2023, les habitants de Shanghai sont confinés. Les conditions de ce confinement sont 
extrêmement fermes.
Un ami Shanghaien nous appelle alors et nous demande, puisque nous sommes artistes, d’en parler de notre côté. Les réseaux sociaux et les voies de communications étant surveillées de près par les autorités, il nous faut passer par des réseaux cryptés afin de pouvoir en apprendre davantage.
Les témoignages que nous découvrons alors sont édifiants. Pour « protéger » la population du virus du Covid, le gouvernement provoque une crise sociale, économique et sanitaire. Il devient très difficile de se procurer des médicaments, des personnes décèdent car elles ne peuvent plus se procurer leur traitement de fond comme de l’insuline ou des vasodilatateurs. La nourriture est 
problématique pour tout le monde. Les denrées alimentaires sont insuffisantes, les réseaux mis en places pour la distribution sont saturés et la corruption aggrave encore la situation. Les plus modestes sont obligés de mendier de quoi survivre à leurs voisins.
Dans les hôpitaux ne sont plus traités que les malades du Covid. L’exemple d’une mère perdant son calme après avoir attendu plus de 24h dehors, devant un hôpital avec un enfant ayant une forte fièvre est relayé.

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Tests Covid réalisés sur les membres d'une équipe scientifique en Antarctique (vivant en autarcie).


Dans les immeubles et les résidences, les habitants sont enfermés, littéralement cadenassés à l’intérieur de leur appartement. Un incendie fait d’ailleurs des victimes qui n’ont pas pu sortir.
Lorsqu’un cas de Covid est détecté dans une résidence, tous les habitants sont envoyés dans des centres de quarantaines. Or de centres, il s’agit de halls de gares, d’aéroports ou même de terrains vagues sur lesquels sont dressés des barnums. Sont alors entassés des personnes de tous âges, les familles sont séparées, les enfants retirés à leurs parents.
À cette période, je suis en pleine période d'installation d'exposition au Vieux Château de Vicq-sur-Breuil. Aidé d'une artiste chinoise, nous décidons alors de choisir des scènes emblématiques évoquant cette situation et de les représenter. Nous utilisons la porcelaine afin de réaliser des modelages en songeant qu’une fois cuite, elle constitue une archive particulièrement durable.
Nous modelons alors la nuit afin de ne pas nous retarder dans l’installation de l’exposition et faisons un accrochage de ces pièce dans une petite salle du château. Nous n’en parlons pas aux propriétaires du lieu ni aux programmateurs, nous voulons que cette exposition soit clandestine.

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L’exposition s’appuie sur la figure des dabai. Ces personnages sont omniprésents en Chine. Les personnes qui continuent de pouvoir travailler, personnel médical, policiers, livreurs… sont vêtus de combinaisons jetables planches. Ils portent un masque, des lunettes, une capuche, des gants et des sur-chaussures. De fait, ils sont alors anonymes et il n’est pas toujours possible de savoir à quel corps de métier ils appartiennent. Da bai signifie littéralement Gros blanc en mandarin et le gouvernement à édité des affiche pour leur montrer toute sa gratitude « dabai xiexie ni », [Dabai, merci à toi!].
Notre exposition s’intitule donc « Dabai xiexie ni » et montre des scènes de violence des autorités ou de révolte populaire.

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